« J’ai confiance dans le fait que l’Eglise trouvera dans l’Evangile la force de ce rebond »

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Assemblée des évêques à Lourdes, évolution de la gouvernance au sein des instances ecclésiales, essoufflement des prêtres : Entretien avec Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus Toulon

 

Cette période a été très difficile pour les catholiques, quel est votre état d’esprit après la conférence des évêques à Lourdes?

Beaucoup d’affaires ont traversé l’Eglise, l’ont fait souffrir et défiguré son image. Cette période a été avant tout douloureuse pour les victimes et leurs familles mais elle l’a été aussi pour le peuple de Dieu tout entier et tout particulièrement pour les prêtres. En découvrant ces actes d’un certain nombre de leurs frères, ils se sont sentis trahis.

Il y a eu la nécessité du repentir mais il temps maintenant d’une vraie conversion avec des décisions et des actes. Des avancées ont été réalisées par la conférence des évêques depuis 2016.  Il y a eu un acte officiel de demande de pardon qui avait été exprimé et relayé dans les diocèses et un travail de mémoire avec la création d’une commission particulière au niveau national. Cette année, l’accent a été mis sur l’accueil de ceux qui ont été victimes et leurs familles, les compensations financières, la prévention et l’accompagnement des clercs coupables en lien avec la justice et des psychologues.

Tout cela interroge profondément le fonctionnement de l’Eglise et sa gouvernance. L’Eglise est amenée à faire un travail sur elle-même, il y a des questions profondes sur le lien avec les laïcs dans le gouvernement de l’Eglise et la place des femmes.

Quelle perception avez-vous eu des échanges qui s’y sont déroulés ?

Cette année a été celle d’un renouvellement de nos instances. Monseigneur Eric de Moulin Beaufort a déjà eu en charge le dossier de la pédophilie il est donc particulièrement avisé pour faire avancer l’Eglise sur ces questions.

Ce changement à la tête de la conférence sera notamment l’occasion de remettre à l’ordre du jour la réforme de la structure de la conférence des évêques. Il s’agit de penser cette transformation en ayant à l’esprit que la conférence n’est pas une superstructure mais un lieu de mutualisation et de collaboration, chaque évêque reste autonome dans son diocèse.

 

Que faut-il attendre en particulier de la Réforme de la gouvernance de la Conférence des Evêques ?

Cette réforme a déjà été travaillée, préparée sur la base du constat d’un certain nombre de mutations : baisse du nombre de prêtres, fragilisation économique, nécessité d’une mutualisation. On s’aperçoit qu’on ne peut plus être dans la juxtaposition de nos moyens. Nous avons à faire un travail de synthèse. Cela veut dire nécessairement une réorganisation pour mieux prendre en compte nos capacités et nos défis actuels. Ce travail, déjà engagé, n’a pas encore abouti et les évêques n’avaient pas voté la réforme. Il revient à la nouvelle Présidence et à l’Assemblée du conseil permanent de la remettre en chantier.

Le communiqué final de l’assemblée plénière aborde la question de l’essoufflement des prêtres, est ce quelque chose que vous ressentez aussi dans votre diocèse?

Oui, à Lourdes Monseigneur Balsa chargé de réfléchir à l’unité du presbyterium au sein de la conférence des évêques, a fait état de cette question importante pour chaque diocèse. La réduction du nombre de prêtres, leur seniorisation et l’accueil de prêtres venus d’ailleurs sont l’occasion d’une transformation très profonde. S’y ajoutent d’autres facteurs sociétaux, une exculturation du christianisme, la sécularisation prégnante ainsi qu’une forme de décalage culturel entre des prêtres d’une certaine génération et les attentes spirituelles qui traversent notre époque. L’essoufflement ne touche pas seulement au nombre mais aussi à l’état d’esprit.

Quelles solutions sont à envisager ?

C’est un renouveau en profondeur vers lequel nous devons aller pour pallier ces difficultés en trouvant un nouvel élan, de nouvelles ressources et en nous appuyant davantage sur les nouvelles générations. Il est peut-être temps de trouver de nouvelles manières d’organiser la vie des prêtres, leur activité, le contenu de leur ministère. Les fidèles peuvent aussi réfléchir à leurs attentes vis-à-vis d’eux, comment ne pas les regarder comme  des distributeurs de sacrements.

Même si tous ne sont pas atteints par le burn-out loin s’en faut, de nombreux prêtres ont parfois plusieurs dizaines de clochers et passent beaucoup de temps à faire des kilomètres. Quels sont leurs lieux de ressourcement, de vie fraternelle, comment parviennent-ils dans ces conditions à trouver une saine hygiène de vie? C’est d’une certaine manière le style de vie du prêtre qui est à interroger.

Justement vous avez récemment parlé de la nécessité d’une révolution copernicienne dans l’Eglise, comment cela doit il se traduire selon vous ?

Il faut accueillir cette opération vérité comme l’opportunité d’une transformation profonde des structures, des personnes, et dégager une nouvelle vision pastorale. C’est une réflexion que je voudrais porter avec d’autres, on est au début d’un processus mais on ne part pas de rien. Pour ma part, j’ai partagé mes réflexions dans un livre sur les fidèles laïcs.

Certains disent qu’il faut une réforme de la gouvernance et d’autres affirment que, la réforme se passe avant tout dans les cœurs par une démarche de conversion comment tenir les deux ?

La conversion commence par le cœur, c’est le Christ qui nous invite à la vivre par la grâce qu’il diffuse en nous. Il s’agit d’un chemin spirituel et pas simplement d’actions ou de programmes même si cela doit s’incarner. C’est un équilibre subtil, une articulation entre le chemin spirituel dans lequel se joue un retournement du cœur et le changement d’état d’esprit en vue d’une transformation concrète.

Qu’avez-vous envie de dire aux fidèles de votre diocèse dans ces semaines qui précèdent Pâques ?

Je voudrais d’abord les remercier. Beaucoup m’ont témoigné qu’ils priaient pour l’Eglise et pour les prêtres, je sais que je peux compter sur eux. Et je voudrais témoigner de mon espérance. L’Eglise « semper reformanda » a reçu les paroles de la vie éternelle, à travers les défaillances de son fonctionnement et malgré les trahisons de certains de ses membres, elle trouvera dans la grâce du Christ la force d’un renouveau, d’un réveil, d’un printemps. Sachons porter dans notre cœur la souffrance qu’elle vit et, dans l’attente de Pâques, l’espérance de ce renouveau. J’ai confiance dans le fait que l’Eglise trouvera dans l’Evangile la force de ce rebond.

 

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