Appel à une conversion écologique

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Discours prononcé par Mgr Rey à l’Acton Institute, San Diego (USA), 23 janvier 2015.

Garder la création est une indication de Dieu donnée non seulement au début de l’histoire, mais à chacun de nous ; c’est dans son projet !

Tweet du Pape François 5 Juin 2013

La question écologique est vitale pour la survie de l’homme et a une dimension morale qui nous touche tous. 

Tweet du Pape François 11 Décembre 2014

 

Retrouvez et téléchargez ici l’intégralité du texte : Pour une conversion écologique . Mgr Rey

 


 

Introduction

 

La France vient d’être frappée il y a quelques semaines par des attentats terroristes meurtriers, qui ont eu un impact international. Ces événements tragiques ne sont pas sans rapport avec le thème que je vais aborder avec vous, celui de l’écologie, c’est-à-dire le regard que l’homme porte sur lui-même et sur son environnement, les menaces qui pèsent sur l’avenir de la planète, sur son éco-système sociétal et humain.

L’écologie est un des domaines d’application de la Doctrine sociale de l’Église, dont le premier principe est la centralité et la dignité de la personne humaine[1]. C’est parce qu’il y est question de l’homme et de sa vocation, de son milieu de vie, de son écosystème, que nous ne pouvons pas nous désintéresser de l’écologie. Le mot écologie recouvre des réalités diverses. Il faut donc adopter un regard critique sur les conceptions de l’écologie qui sont incompatibles avec la foi chrétienne.Pour reprendre les mots de Chesterton, l’écologie moderne est en effet pétrie d’idées chrétiennes devenues folles[2]

Depuis saint Jean-Paul II, nous sommes appelés à une réelle conversion écologique. Benoît XVI a magistralement résumé cela dans l’encyclique Caritas in veritate à propos des relations entre l’homme et son environnement naturel[3]. La conversion nécessaire aujourd’hui ne consiste pas dans le fait de savoir si l’on est convaincu ou non que nous nous trouvons face à une urgence écologique pour sauver la planète, mais à revenir à une théologie de la création.

 

 

Préambule : Actualité du Pape François

Si le Pape François s’inscrit bien dans la droite ligne de ses prédécesseurs sur les questions dites écologiques, la nouveauté de son magistère tient assurément dans le ton employé, la vigueur de ses analyses, et la radicalité des moyens proposés. L’encyclique sur l’écologie qu’il prépare aura à n’en pas douter ces mêmes accents prophétiques.

 

  • Destruction de la création et idolâtrie

Son homélie de la Toussaint 2014 restera comme un constat douloureux de notre capacité à dévaster la terre : « dévaster la création, dévaster la vie, dévaster les cultures, dévaster les valeurs, dévaster l’espérance ». Le pape dénonce cette « folle course à la destruction » opérée par « l’homme qui s’empare de tout et se prend pour Dieu ». Le Saint Père cite notamment les effets dévastateurs de la déforestation, l’appropriation de l’eau, les pesticides inadéquats, le changement climatique, la perte de la biodiversité[4]… Il n’hésite pas à voir à la racine de cette attitude l’idolâtrie du dieu argent. « Un système économique axé sur le dieu argent a besoin de piller la nature pour soutenir le rythme frénétique de consommation qui lui est propre. »[5] Les premières victimes des catastrophes écologiques sont toujours les pauvres, les plus vulnérables économiquement.

  • Profit et culture du déchet

Le pape François répète que ce qui prévaut aujourd’hui, ce n’est pas le souci pour l’homme, c’est le culte de l’argent et du profit: Hommes et femmes sont sacrifiés aux idoles du profit et de la consommation. C’est la « culture du rebut ». La pauvreté finit par faire partie de la normalité des choses. Le cours de la Bourse est devenu plus important que la vie des personnes : les êtres humains sont mis au rebut, comme s’ils n’étaient que des déchets.

« Cette culture du rebut tend à devenir une mentalité commune, qui contamine tout le monde. »[6] Le consumérisme crée une véritable « industrie de la destruction », où l’on jette les choses que l’on n’arrive pas à utiliser. Dans ce système productiviste, la personne elle-même n’est évaluée qu’en fonction de son utilité, de sa performance. Elle est traitée à la manière d’un bien de consommation. Des styles de vie égoïstes et une mentalité de consommation exagérée ont conduit à cette « mondialisation de l’indifférence » et à la « culture du déchet », bien éloignée du « soin de la fragilité ».

  • Ecologie humaine

Écologie de l’environnement et écologie humaine vont de pair : le pape n’a pas manqué de le rappeler lors de son discours au Parlement européen. « Respecter la nature nous rappelle que l’homme lui-même en est une partie fondamentale. À côté d’une écologie environnementale, il faut donc une écologie humaine, faite du respect de la personne. »[7]Si la crise actuelle est largement liée à l’environnement, elle touche également l’homme.La personne humaine est en danger. Ceci justifie l’urgence d’une écologie humaine. La crise écologique n’est pas d’abord économique ou sociale, elle est anthropologique.

  • Le scandale de la faim

A de très nombreuses reprises le Pape François a dénoncé le scandale de la faim. La société de consommation nous a habitués à l’excès et au gaspillage, en particulier des aliments, auxquels on finit par ne plus accorder de valeur. Et ceci va bien au-delà des simples paramètres économiques car ces denrées sont en fait comme volées aux pauvres et aux affamés. « On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables. »[8] « La faim est un crime. L’alimentation est un droit inaliénable. »[9]

Le pape n’hésite pas à relier la défense de la nature et la défense de la paix : celle-ci ne sera possible que lorsqu’on cessera de détruire la terre. « Nous vivons la troisième guerre mondiale, mais fragmentée. Il existe des systèmes économiques qui doivent faire la guerre pour survivre. Alors on fabrique et on vend des armes. Ainsi des économies qui sacrifient l’homme sur l’autel de l’idole de l’argent réussissent à se maintenir. »[10]

  • Cultiver ou exploiter la terre

La référence du pape François à Benoît XVI est explicite lorsqu’il commente les premières pages de la Genèse et le commandement de cultiver et de protéger la terre, don reçu de Dieu au profit de tous. Culture ou exploitation ? « Notre terre a en effet besoin de soins continus et d’attentions ; chacun a une responsabilité personnelle dans la protection de la création, don précieux que Dieu a mis entre les mains des hommes. Cela signifie, d’une part, que la nature est à notre disposition, que nous pouvons en jouir et en faire un bon usage ; mais, d’autre part, cela signifie que nous n’en sommes pas les propriétaires. Gardiens, mais non propriétaires. Par conséquent, nous devons l’aimer et la respecter, tandis qu’au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter; nous ne la “gardons” pas, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin[11]

En définitive, on abuse de la nature parce que la personne humaine n’est plus au centre et qu’on rend un culte idolâtre à l’argent. L’indifférence s’est mondialisée, car le monde a oublié Dieu. En le mettant de côté, il est devenu orphelin. Nous pensons et vivons de façon horizontale. La crise écologique que nous vivons vient en dernière analyse du fait que l’homme a perdu la juste place qui était la sienne dans une nature qui, à l’origine, était sortie bonne et ordonnée des mains de Dieu. Il ne sera ultimement possible de retrouver cette harmonie perdue qu’en changeant profondément le cœur de l’homme et en réaxant la Création par rapport au Dieu Créateur.

A) Diverses approches de l’écologie

 

  • Le risque de la « deep ecology »

On peut distinguer plusieurs visions de l’écologie dans l’appel à « de nouveaux modes de vie » qui se fait entendre dans la culture occidentale ces dernières années. Certains courants radicaux sont anti-anthropocentriques. « L’écologie profonde » rejette l’humanisme biblique et l’idée de création par Dieu, de même qu’elle refuse le fameux « Dominez la terre » de la Genèse. Suivant ces théories, l’homme n’a pas une place à part, au centre de la Création. Sa supériorité devient contingente. Défendre la nature revient alors à la protéger de l’homme, et non à préserver la nature afin de protéger l’homme.

Cet écologisme rend un culte à la nature, non pas celle qui a été humanisée par l’homme à cause de sa connaissance et de son travail, mais à un cosmos qui existe avant l’homme et sans lui. Selon la deep ecology, l’homme devrait reconnaître à la Terre des droits et se soumettre lui-même à l’impératif écologique. La terre finit par être déifiée et l’homme désacralisé.

Dans une catéchèse sur la création, le cardinal Ratzinger notait l’apparition « d’une mentalité qui considère l’homme comme un trouble-fête qui abîme tout, un cancer, le véritable fléau de la nature. L’homme ne s’aime plus lui-même. Il voudrait se retirer de la scène afin que la nature puisse retrouver sa santé. »[12] Les tenants de l’écologie la plus radicale n’hésitent pas à voir en l’homme le plus grand prédateur. Pour sauver la planète, la solution consisterait à en éliminer l’homme : il est temps d’en finir avec l’homme avant que l’homme n’en finisse avec la nature

L’antispécisme

Cette logique conduit certains au combat pour la reconnaissance du droit des animaux. Si toutes les espèces se valent, l’homme n’a en aucune manière un statut à part au sein de la création et ne peut donc pas revendiquer une quelconque supériorité. L’homme au fond n’est qu’un animal comme les autres ; le fait qu’il puisse donner le nom d’animal à un être vivant constitue en soi une discrimination. Tous les vivants ont même dignité. Rien ne justifie la domination d’un animal sur un autre. Pour le biocentrisme, tous les êtres vivants ont la même valeur : « Qu’un arbre meure ou qu’un homme meure, dans les deux cas un être vivant meurt et retourne à la terre. »[13] On sait aujourd’hui le succès rencontré par les végétariens ou même les végétaliens qui refusent de consommer de la chair animale ou les produits issus des animaux (lait, œufs…)

L’antispécisme peut aussi se comprendre comme une réaction à l’humiliation de la nature et de l’environnement, une sorte de revanche. L’exploitation intensive que l’on fait des animaux dans certaines formes d’élevage accroît cette idée de maltraitance et de torture de la part d’une industrie agro-alimentaire peu respectueuse des animaux.

Ecologie et démographie

Dans la même perspective il est extrêmement fréquent de considérer l’augmentation de la population comme la cause première du sous-développement, comme s’il existait une dette démographique des pays du tiers-monde vis-à-vis de l’humanité tout entière. La surpopulation serait aussi l’une des causes de la dégradation de l’environnement[14].

Le 18 novembre 2009, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) publiait un rapport sur l’impact de la croissance démographique sur le climat, « selon lequel la natalité galopante des pays en développement est l’un des principaux moteurs du réchauffement et l’un de ses premiers risques »[15] À vrai dire, cet organisme a essentiellement pour mandat depuis 1973 la mise en œuvre du planning familial et du contrôle systématique des naissances.

2) « Le capitalisme vert »

Le libéralisme peine souvent à intégrer la dimension écologique. On assiste néanmoins à la diffusion de l’idée de développement durable, qui pourrait être baptisé « Capitalisme vert ». Ce concept de développement durable marque déjà un progrès, pour chercher à corriger certains excès sans remettre en cause le système économique libéral et la recherche de la croissance comme critère ultime du développement.

Pour certains économistes, la prise en compte du développement durable constitue le meilleur moyen pour l’économie de découvrir de nouveaux marchés, sans pour autant remettre en cause les fondements de l’économie libérale. Par exemple, la dénonciation des conditions de production à bas coût dans les pays émergents (pollution, exploitation…) ne s’accompagne pas de changements dans le mode de vie de ceux qui consomment. De même, parler de commerce équitable ne change pas les règles de développement fondées uniquement sur la croissance. Des philosophes comme Jacques Ellul vont jusqu’à affirmer que parler de développement durable, « c’est faire prospérer l’économie sur ses propres ravages ». Chaque nouvelle vague technologique promet de résoudre les dégâts causés par la précédente, mais elle porte en elle la promesse de futurs dégâts que l’on devra résoudre.

  • L’écologie libertaire

Il est frappant de constater que la plupart des partis écologistes en Europe sont plus actifs sur les questions dites sociétales que sur les questions écologiques proprement dites. Les Verts sont gagnés par les idées libertaires. Il existe tout un courant écologiste d’inspiration anarchiste proche du féminisme radical. Le refus des aliénations que promeuvent ces courants au nom de l’émancipation mettent en cause les limites que nous imposent le corps et ses déterminations biologiques. Le principe de précaution si souvent invoqué à propos de l’environnement ne vaut alors plus pour ces courants lorsqu’il s’agit de l’homme. Ces courants écologistes sont les premiers à défendre le principe d’une vie plus simple et moins artificielle, mais militent de fait pour un nouveau technicisme (reproduction artificielle, transhumanisme…). Le philosophe Ruwen Ogien prône ainsi une éthique minimale pour une liberté totale, sans aucun frein moral ou social, avec comme seul principe celui de la non-nuisance.

B) L’écologie humaine

En France, un courant issu des mouvements liés à la défense du mariage et de la famille de 2013 (La Manif Pour Tous) a repris et adopté la dénomination d’ « Ecologie humaine ». Ce Courant se distingue par le regard qu’il pose sur la personne humaine, par des points de repère anthropologiques propres : la bienveillance, clé des relations humaines ; l’interdépendance, moteur de la construction de la société ; le sens du bien commun ; l’interaction vitale de l’homme avec son environnement, notamment naturel et culturel ; la primauté de l’être sur l’avoir, de la relation sur l’activité, de la tendresse sur l’autonomie. L’expression « écologie humaine » désigne d’une part les interactions de l’homme avec son environnement, naturel et social, d’autre part, une approche de la personne (et de sa vulnérabilité) et de la société qui considère la personne comme un « écosystème » à protéger.

La personne se trouve fragilisée lorsque des pratiques, des systèmes, des lois l’utilisent comme une « variable » d’ajustement, c’est-à-dire l’instrumentalisent, pour des atteindre des objectifs financiers ou matériels, au lieu de la placer au cœur de toutes les décisions et activités. Ce courant d’écologie humaine encourage enfin le respect et le sens des responsabilités envers la planète et les animaux, dont, en tant qu’être doué de raison, il doit prendre soin.

1) Ecologie intégrale[16]

Il s’agit de dénoncer, dans la société productiviste et consumériste, dans les démocraties « libertaires » tout ce qui déshumanise l’homme.[17]

Un monde dénaturé, déshumanisé et intégralement marchandisé se prépare lorsque l’homme prend la place de Dieu. La crise écologique faite d’extinction d’espèces animales et végétales, de pollutions en tout genre est due à une folie technicienne, au technologisme qui va jusqu’à la marchandisation du vivant, jusqu’à la commercialisation du vivant, jusqu’à l’instrumentalisation de la reproduction humaine par le biais de la Procréation Médicalement Assistée et de la Gestation Pour Autrui, avant l’utérus artificiel… Toutes les manipulations génétiques sur l’humain participent d’une vaste entreprise de brevetage du vivant et l’intrusion du tout-technique et du tout-marketing dans l’intime de nos vies.

            Une écologie intégrale ne doit pas séparer le souci de l’héritage du souci de la transmission, celui d’une relation convenable, harmonieuse, de l’homme à son environnement, ainsi que celui de la responsabilisation citoyenne.

Soucieux de ne pas séparer écologie humaine et environnementale, l’expression d’écologie intégrale, se définit comme un discours sur les conditions d’existence et d’épanouissement de l’homme. L’écologie intégrale aspire à un art de vivre respectueux de l’homme dans sa natureet dans la nature. Simplifier son existence, c’est ne choisir ni l’humain contre la nature, ni la nature contre l’humain, mais chercher au contraire à réconcilier l’humanisme et l’environnementalisme, à faire la synthèse entre respect absolu de la dignité humaine et préservation de la biodiversité. On ne saurait défendre l’une sans protéger l’autre, se soucier des plus fragiles sans s’opposer à tout ce que nos modes de vie peuvent avoir de dégradant et de destructeur. Car la détérioration de notre environnement ne peut qu’entraîner notre propre déshumanisation.

  • Reconnaissance des limites

Les hommes, en oubliant leurs limites, les transgressent sans cesse pour aller toujours plus loin dans la fascination techniciste. Toute l’écologie humaine repose sur cette notion de limite. Or, les idéologies comme le libéralisme libertaire, le transhumanisme, l’antispécisme brouillent totalement les limites : limites entre l’homme et la machine, l’homme et l’animal, limites de nos désirs matériels, limites entre l’homme et la femme, entre les générations, limites entre les espaces, sacré-profane, frontières géographiques… La transgression des limites et la tentation prométhéenne sont les grands maux qui rongent notre société occidentale. La cause en est une quête de la démesure, une hybris qui va de pair avec un profond malaise existentiel.

Notre société occidentale post-moderne, relativiste et libertaire récuse toute limitation. Le relativisme moral et religieux envahit nos sociétés postmodernes où les grandes utopies politiques et idéologiques se sont effondrées, où la place du religieux a été effacée par la perte de transcendance et d’intériorité, où l’individu consumériste n’a plus d’autre horizon que lui-même, rivé à son ego. Un tel relativisme érigé en prêt-à-penser, fait inévitablement le lit du fondamentalisme. Lorsqu’une culture ne donne plus des raisons sublimes de vivre, parce qu’elle a oublié l’héritage ou perdu la mémoire, elle s’en fabrique à partir des instincts les plus bas ou les plus vils. Lorsqu’on ne parvient plus au sein des familles, dans le cadre des institutions éducatives à transmettre ce lent et patient tissage de raison, d’histoire, de culture qui ouvrait à une morale universelle et un vivre ensemble et lorsque la conscience religieuse s’évanouit ou se réduit à un résidu laïcisé…, alors cette société fait sauter, sans toujours s’en rendre compte, la barrière qui fermait la route à la brutalité de la nature, à l’exacerbation des passions, et aux revendications narcissiques.

L’écologie intégrale passe par l’acceptation humble et joyeuse des limites de notre humanité, à commencer par celle du temps qui nous est compté, et de notre mortalité. Humanité a la même racine qu’humilité : Humus, la terre. Nous en venons et nous y retournerons.Descartes parlait de changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde, d’apprendre à ajuster nos désirs au réel.

  • Le lien social

L’écologie intégrale ne repose pas seulement sur la reconnaissance des limites, mais aussi et surtout sur le lien social, le lien entre les générations passées et futures, la solidarité entre les peuples, le lien de proche en proche, de proximité. Il s’agit de s’appuyer sur notre héritage et sur notre entourage pour dépasser les impasses de notre temps. Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Notre finitude et notre vulnérabilité nous invitent à vivre la convivialité : j’entre en relation avec les autres, car j’ai besoin des autres. C’est la condition de la vie sociale.

 

  • L’enracinement local

Même si les distances semblent s’être rétrécies et la mondialisation une réalité, nous continuons de naître dans le particulier. Nous continuons à avoir besoin d’un enracinement dans un lieu de vie et de sociabilité, dont la première expression est la famille, cellule de base de la société. Une réflexion sur la notion de communauté locale s’impose face à la maladie du gigantisme et pour que la mondialisation ne soit pas une agrégation d’individus atomisés. Certaines questions ne peuvent bien sûr être traitées uniquement au niveau local (climat…), mais l’universel ne se vit qu’au travers des corps intermédiaires et des enracinements locaux. L’homme continue d’avoir besoin d’un tissu solide, cohérent, proche, qui accueille et reconnaît chacun dans sa singularité : j’habite mon village ou mon quartier avant d’habiter le monde, je vis dans une famille, école de la solidarité et du partage, qui m’initie à l’universel.

  1. C) Quelques repères pour le discernement

1) Anthropocentrisme

Le point de vue biblique sur la création est anthropocentrique : celle-ci est l’écrin dans lequel Dieu a placé l’homme, créé à son image et à sa ressemblance, une personne, être de relation, capable de le connaître et de l’aimer. L’homme appartient lui aussi à l’ordre de la création, il a reçu l’existence. La Bible nous présente un Dieu personnel qui entre en relation avec sa créature. Cette relation suppose sa distinction d’avec le créateur, mais aussi sa différence d’avec la nature. Car si l’homme est le seul être capable de détruire la nature, il est aussi le seul à pouvoir lui donner sens et valeur. Telle est sa place essentielle dans le cosmos. L’homme n’est pas une espèce parmi d’autres.

 

2) Théocentrime

Mais le point de vue biblique est surtout théocentrique : Dieu est à l’origine et à la fin de tout et crée l’homme capable de Lui, en vue de Lui. Dieu crée une biodiversité à l’image de sa propre richesse, dans une œuvre de séparation et d’ornementation qui distingue bien les règnes (minéral, végétal, animal) selon les jours mais les ordonne les uns aux autres, l’homme arrivant à la fin (6ème jour) et recevant un traitement à part. L’homme lui-même est fait pour demeurer avec Dieu (7ème jour).

 

3) Le péché contre l’environnement

L’exploitation aveugle et sans retenue des ressources naturelles est clairement éloignée du dessein originel de Dieu[18].« La domination accordée par le créateur à l’homme n’est pas un pouvoir absolu, et l’on ne peut parler de liberté d’user et d’abuser, ou disposer des choses comme on l’entend. »[19] Il y a des limites dans l’usage de la nature visible. Quand l’activité de l’homme dégrade l’environnement, c’est la création comme bien reçu de Dieu qui est frappé. Or il y a une obligation à faire un bon usage de ce don dans un esprit de reconnaissance. Il implique d’une part une responsabilité vis-à-vis de Dieu, et comme bien commun destiné à tous les hommes, il engendre d’autre part des devoirs à l’égard des autres. On peut donc parler de péché grave contre l’environnement naturel lorsque l’homme, à l’instar de Caïn, affirme : « Suis-je responsable de la création ? »

  • Soumettre la terre

Soumettre la terre, c’est pour l’homme prolonger l’action du créateur par son travail, conçu d’abord comme une collaboration à l’œuvre de Dieu et non comme une simple transformation de la matière. La logique productiviste et d’hyperconsommation s’éloigne de cette conception du travail humain.

Notre christianisme occidental reste marqué et blessé par diverses formes de dualisme philosophique et théologique, héritiers lointains de la rupture cartésienne qui chasse Dieu de sa création. Descartes a posé les bases de l’utilitarisme moderne et de l’exploitation sans frein des ressources de la terre : comme maître et possesseur de la nature… Ce postulat philosophique et théologique a mené au cycle d’exploitation effrénée de la création, cause de certains développements matériels positifs, mais aussi d’effets tragiques.

Cette mentalité trouve une illustration très frappante, après la Renaissance, dans l’image utilisée par Galilée. Comme le soulignait Joseph Ratzinger, si la nature ne répond pas de bon gré à nos demandes et ne nous dévoile pas ses secrets, nous lui infligeons la torture, nous sur lui arracherons les réponses qu’elle ne veut pas nous donner librement. Les instruments de la science permettent de torturer la nature pour lui extorquer des réponses[20]. « Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création, l’homme se substitue à Dieu et, ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. »[21]

5) Humaniser le monde

Il nous est impossible de concevoir une écologie authentique autre que centrée sur l’homme et non pas uniquement sur la terre. La protection de la nature passe par celle de l’homme. Une véritable écologie ne peut être qu’humaine. Elle est non seulement respectueuse de la nature, mais aussi de tous les hommes et de l’homme dans toutes ses dimensions. » On ne peut jamais considérer la nature comme plus importante que la personne humaine.

Notre tâche est certes de prendre la parole sur l’écologie, mais en la mettant toujours en rapport avec l’écologie humaine. En d’autres termes, manifester à temps et à contretemps la responsabilité qui est la nôtre et la portée morale des renoncements auxquels nous sommes invités : non seulement Dieu a créé l’univers que nous habitons, mais l’a établi dans une fragilité constitutive, de telle sorte qu’il ne soit pas compatible avec n’importe quel mode de vie et cette fragilité nous invite à déchiffrer et à respecter la loi de la nature.

La Doctrine sociale de l’Église situe l’écologie environnementale au sein de l’écologie humaine : la corruption de la nature vient le plus souvent d’une dégradation morale. S’il existe bien une responsabilité vis-à-vis de la terre, de l’eau ou de l’air, il est surtout nécessaire de protéger l’homme de sa propre destruction. « La dégradation de l’environnement est étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand l’écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. »[22]

« Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté, si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine et, avec lui, celui d’écologie environnementale. Exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction, quand l’éducation et les lois ne les aident pas à se respecter elles-mêmes.Le livre de la nature est unique et indivisible, qu’il s’agisse de l’environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral. »[23]

La famille, première structure fondamentale, est la principale réalité au service d’une véritable écologie humaine. C’est là que la personne apprend à se respecter et se découvre comme être de relation, être-pour-autrui, appelée à s’enrichir dans l’amour et dans le don de soi. La défense de la famille fondée sur le mariage indissoluble entre une femme et un homme fait partie de la protection de l’environnement. La famille a vocation à révéler et transmettre l’amour. C’est là que l’enfant apprend à aimer la nature. C’est là aussi que peut se faire l’éducation à la responsabilité écologique.

La crise écologique naît dans le cœur de l’homme. La crise écologique n’est que le prolongement extérieur de ce drame intérieur. Benoît XVI évoquait le lien entre l’écologie environnementale et l’écologie spirituelle. En méditant sur le souffle de la Pentecôte, le pape pensait à l’air : de même qu’il est indispensable à notre vie biologique, l’Esprit Saint l’est à notre vie spirituelle. De même qu’il existe une pollution atmosphérique qui empoisonne l’environnement, de même il existe une pollution du cœur qui étouffe la vie spirituelle[24]. Sans le vent de l’Esprit, la liberté humaine s’affaiblit, y compris pour gouverner la nature.

D) Défis spirituels et crise environnementale

1) Consumérisme ou attitude eucharistique

L’exploitation abusive des ressources du monde n’est que la répétition du péché originel. Elle est le résultat de l’égoïsme et de l’avidité. L’exploitation illimitée des ressources naturelles conduit au consumérisme qui est si caractéristique de notre monde contemporain ainsi transformé en société de convoitise. Il ne s’agit plus de satisfaire les besoins vitaux de l’homme, mais ses désirs sans cesse grandissants et sans fin. L’exploitation des richesses naturelles qui découle de l’avarice et non de besoins vitaux, crée un déséquilibre dans la nature qui n’arrive plus à se renouveler, comme en témoigne les problèmes de la surpêche, de la surproduction agricole, de la déforestation et de la désertification.

Nous oublions trop souvent que l’homme n’est pas seulement un être rationnel, social ou politique, mais qu’il est avant tout une créature eucharistique, capable de gratitude et dotée du pouvoir de bénir Dieu pour le don de la création.Parmi toutes les « attitudes écologiques », la plus urgente est sûrement celle de l’adoration. Revenir à Dieu, vivre de manière radicale en relation avec lui, le mettre à la première place, c’est commencer ce travail de restauration de toute la création.

Parallèlement à la prise de conscience écologique, on constate dans l’Église un renouveau de l’adoration eucharistique.Le pape Benoît XVI comparaît cet événement à une fission nucléaire portée au plus intime de l’être, inaugurant une chaîne de transformations qui, peu à peu, changeront le monde jusqu’à ce que Dieu soit tout en tous (Cf. 1 Co 15, 28). Cet « acte central de transformation est le seul en mesure de renouveler vraiment le monde »[25] L’eucharistie montre que la création, rachetée par le Christ, est saisie par lui pour être ramenée à Dieu. « L’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde. Elle est un lien entre le ciel et la terre. Elle englobe et elle imprègne toute la création. Le Fils de Dieu s’est fait homme pour restituer toute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l’a tirée du néant. »[26]

« Avant toute activité et toute transformation du monde, il doit y avoir l’adoration. Elle seule nous rend véritablement libres; elle seule nous donne les critères pour notre action. »[27] Ne pouvant se résumer à un acte de dévotion privée, elle a véritablement une dimension cosmique et une portée éminemment écologique[28] ! Là où Dieu est recherché, prié, adoré, servi, la création en est comme transformée. Ce rayonnement eucharistique a une réelle influence sur l’environnement, comme autour des monastères, où la création a pu prospérer, où sont nés et continuent de naître des oasis de paix et de communion entre les hommes, et avec la nature, présage du paradis.[29].

2) Ascèse et sobriété

Face à la restriction des biens de la terre, il sera impossible de trouver une solution au problème écologique si nous ne révisons pas sérieusement nos modes de vie[30]. « L’austérité, la tempérance, la discipline et l’esprit de sacrifice doivent marquer la vie de chaque jour, afin que tous ne soient pas contraints de subir les conséquences négatives de l’incurie d’un petit nombre. »[31] Une ascèse est nécessaire, liée à l’exercice de la vertu de tempérance. Le patriarche Ignace IV d’Antioche[32] affirme : « Si la nature n’est pas transfigurée, elle est défigurée… L’ascèse est indispensable pour assurer la limitation des besoins qui permettra et de respecter davantage la terre, ses rythme, la vie qui lui est propre, et d’opérer un indispensable partage à l’échelle planétaire. »

Ce style de vie peut se caractériser par la sobriété et la simplicité dans la manière de consommer. Et pourquoi ne pas retrouver le sens du jeûne ou de la simple frugalité ? Il ne suffit pas d’acheter les produits qui ont un label attestant leur impact faible sur l’environnement, mais bien de réformer complètement la course effrénée à la consommation, la débauche des transports, les gaspillages en tous genre… Mais pour échapper aux impératifs de la mode ou à l’obsession de la publicité, au culte du désir et de sa satisfaction immédiate, il est indispensable d’apprendre la maîtrise de soi et de ses instincts… Cela suppose une véritable conversion écologique !

Par le jeûne, nous reconnaissons que « la terre est au Seigneur » (Ps 24, 1) et qu’elle ne nous appartient pas pour qu’on l’exploite, la consomme ou la contrôle. La terre doit toujours être partagée en communion avec les autres et rendue à Dieu avec action de grâce. Jeûner c’est apprendre à donner, et pas seulement à renoncer. C’est apprendre à rentrer en contact et non à se séparer. Jeûner, c’est s’affranchir de la cupidité et de l’appétit de possession. En effet, le jeûne corrige efficacement notre culture basée sur le désir égoïste et le gaspillage insouciant.

  • Partage et Solidarité

Une véritable écologie, consciente de l’interdépendance de tous les êtres et de la destination universelle des biens de la terre, passe par une solidarité renouvelée et un partage authentique (entre les personnes, les pays et les peuples, les générations). Dans l’enseignement des Pères de l’Église, donner de son superflu n’est pas un acte de charité, mais de justice. Donner au pauvre, c’est lui restituer ce qui lui appartient déjà. La charité commence lorsque je donne de mon nécessaire (Cf. Mc 12, 41-44). L’écologie nous invite à non seulement à ne pas nous enrichir au détriment des générations futures, mais même à nous priver pour eux. On peut l’appeler écologie sociale ou écologie de communion.

Cette solidarité est particulièrement importante dans le domaine énergétique. « Une redistribution planétaire des ressources énergétiques est nécessaire afin que les pays qui n’en ont pas puissent y accéder. Leur destin ne peut être abandonné aux mains du premier venu ou à la logique du plus fort. »[33]Ne fixons cependant pas de limites à la créativité humaine et à son audace. Les hommes ont une capacité d’invention indéfinie et indéfinissable, par exemple en matière de pétrole où l’homme est capable de découvrir et d’exploiter de nouvelles sources d’énergie.

A plusieurs reprises, les papes ont abordé la question de l’écologie dans leurs Messages du 1° janvier, Journée mondiale de la Paix. Ainsi le thème de celle de 2010 était-il : Si tu veux construire la Paix, protège la création. La sauvegarde de la création est essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si l’on doit se préoccuper, à juste titre, des menaces contre la paix que constituent les guerres et les conflits armés, on doit également se mobiliser contre les abus envers la terre et les biens naturels. Protéger l’environnement, c’est construire un monde pacifique. « Toutes ces questions ont un profond impact sur l’exercice des droits humains, comme par exemple le droit à la vie, à l’alimentation, à la santé, au développement. »[34]

 

 

            Conclusion

L’Église a une responsabilité envers la création, en particulier à cause de son expertise en humanité : pour que s’établisse la paix avec la terre, l’écologie de l’homme doit être préservée et respectée. Mais l’homme ne se réconciliera avec l’environnement que lorsqu’il redécouvrira la dignité et la grandeur de sa vocation : être fils de Dieu. Il n’y a pas d’écologie véritable sans une conversion du cœur de l’homme vers celui de son Créateur et Seigneur. La première des tâches qui doit occuper l’Église est celle de rendre Dieu à l’homme, retrouver et réaffirmer son primat. « Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. »[35]

Si la crise écologique est préoccupante, elle constitue peut-être aussi une chance à saisir pour l’humanité. Jamais autant qu’à l’occasion de ces menaces sur l’environnement le monde n’a senti si vivement qu’il ne constituait qu’une seule famille, partageant une communauté de vie et de destin. L’interdépendance planétaire ou mondialisation, la protection de l’environnement, des ressources et du climat implique que les responsables des nations travaillent de concert. Convaincus de l’urgence d’une solidarité envers les plus pauvres de la planète, ensemble ils pourront œuvrer pour le bien commun de l’humanité.

L’écologie humaine est une révolution copernicienne : elle appelle à changer de perspective sur le monde et soi-même, à s’apercevoir que l’on est à l’avant-garde et non à l’arrière-garde. Les catholiques sont appelés à prendre part au mouvement écologique pour une révolution de la simplicité-sobriété. Ils sont même les seuls à pouvoir lui donner son sens plénier : celui dont l’époque a besoin, un sens à partager avec tous les défenseurs de la condition humaine.

Ce sujet est riche de collaborations œcuméniques possibles. Une récente conférence[36] du patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, montre une profonde convergence. Son analyse[37] de la crise environnementale rejoint celle de Jean-Paul II, Benoît XVI ou François. Et le patriarche de rappeler la déclaration commune que Benoît XVI et lui avaient fait connaître le 30 novembre 2006 lors du voyage du pape en Turquie : « Devant les grands dangers concernant l’environnement naturel, nous voulons exprimer notre souci face aux conséquences négatives pour l’humanité et pour la création tout entière qui peuvent résulter d’un progrès économique et technologique qui ne reconnaît pas ses limites. En tant que chefs religieux, nous considérons comme un de nos devoirs d’encourager et de soutenir tous les efforts qui sont faits pour protéger la création de Dieu et pour laisser aux générations futures une terre dans laquelle elles pourront vivre. »


[1]Cf. Introduction du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église intitulé « Humanisme intégral et solidaire » (2005).

[2]G. K. Chesterton, Orthodoxie, 1908 : Le monde moderne est envahi de vieilles vertus chrétiennes devenues folles.

[3]nn° 48-52.

[4] A rapprocher de Benoît XVI, Sydney, 17 juillet 2008 : « Des plaies marquent la surface de la terre : l’érosion, la déforestation, le gaspillage des ressources minérales et marines et ce, pour alimenter un besoin de consommation insatiable. L’existence d’îles-États est menacée par l’élévation du niveau des eaux ; des nations souffrent des effets dévastateurs de la sécheresse. »

[5]Rencontre mondiale des mouvements populaires, 8 octobre 2014.

[6]Audience générale, 5 juin 2013, Journée mondiale de l’environnement.

[7]Strasbourg, Discours au Parlement européen, 25 novembre 2014.

[8]Ibidem.

[9]Op. cit., 28 octobre 2014.

[10] Ibidem.

[11]Op. cit., 25 novembre 2014.

[12] J. Ratzinger, Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, Fayard, 1990, p. 47.

[13]K.M. Meyer-Abisch, écologiste allemand.

[14] « Notre société devient une société de consommation effrénée. C’est un cercle vicieux que je compare au cancer… Devrions-nous éliminer la souffrance, les maladies? L’idée est belle, mais peut-être pas profitable à long terme. Notre peur des maladies ne doit pas mettre en danger le futur de notre espèce. C’est une chose terrible à dire. Mais pour stabiliser la population mondiale, nous devons éliminer 350.000 personnes par jour. C’est une chose horrible à dire, mais ne rien dire l’est encore plus. » Déclaration du commandant Jacques-Yves Cousteau, novembre 1991.

[15]Le Monde, 18 novembre 2009.« Il paraît très alarmant de constater, dans beaucoup de pays, le lancement de campagnes systématiques contre la natalité, à l’initiative de leurs gouvernements, en opposition non seulement avec l’identité culturelle et religieuse de ces pays mais aussi avec la nature du vrai développement. » Bienheureux Jean-Paul II, Lettre encyclique Sollicitudo Rei Socialis, 25 (1987). Cf. Lettre encyclique, Centesimus Annus, 39 (1991).

[16] Voir Nos limites : pour une écologie intégrale, juin 2014, de Gaultier BèsMarianne Duranoet Axel Rokvam.

[17] Un constat alarmant nourri par la réflexion de nombreux auteurs comme Ivan Illitch(1926-2002), mais aussi Jean-Claude Michéa, Pierre Rabbhi, Jacques Ellul, Henry-David Thoreau, Georges Orwell, Michel Houellebecq, Hannah Arendt, Jean-Claude Guillebaud…

[18] « L’homme pourrait détruire le fondement de son existence, sa terre : nous ne pouvons plus faire avec cette terre, qui est la nôtre, avec cette réalité qui nous est confiée, tout ce que nous voulons et tout ce qui nous paraît sur le moment utile et prometteur. » Benoît XVI, Discours, 24 juillet 2007.

[19]Bienheureux Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, 34.

[20]Cf. J. Ratzinger, Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, p. 45 (1986).

[21]Centesimus Annus, 37.

[22]Benoît XVI, Caritas in Veritate, 51.

[23]Ibidem.

[24]Benoît XVI, Homélie de Pentecôte, 31 mai 2009.

[25]Benoît XVI, Homélie à Marienfeld, 21 août 2005.

[26]Bienheureux Jean-Paul II, Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, 8 (2003).

[27]Benoît XVI, Discours à la Curie, 22 décembre 2005.

[28]Benoît XVI, Exhortation apostolique, Sacramentum Caritatis, 92 : « Dans la relation entre l’Eucharistie et le cosmos, nous découvrons l’unité du dessein de Dieu et nous sommes portés à saisir la profonde relation entre la création et la nouvelle création, inaugurée dans la résurrection du Christ… Pour notre vie chrétienne nourrie de l’Eucharistie, s’ouvre la perspective du monde nouveau, du ciel nouveau et de la terre nouvelle, où la Jérusalem nouvelle descend du ciel, de chez Dieu, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux. »

[29]Cf. Benoît XVI, Rencontre avec le clergé, 6 août 2008 ; Homélie de la Vigile de Pentecôte, 3 juin 2006.

[30] Bienheureux Jean-Paul II, Centesimus Annus, 36 : « Il n’est pas mauvais de vouloir vivre mieux, mais ce qui est mauvais, c’est le style de vie qui prétend être meilleur quand il est orienté vers l’avoir et non vers l’être, et quand on veut avoir plus, non pour être plus mais pour consommer l’existence avec une jouissance qui est à elle-même sa fin. Il est donc nécessaire de s’employer à modeler un style de vie dans lequel les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune.

[31]Bienheureux Jean-Paul II, Message pour la paix, 1° janvier 1990.

[32]Patriarche de l’Église orthodoxe d’Antioche.

[33]Benoît XVI, Caritas in Veritate, 49.

[34]Benoît XVI, Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 1° janvier 2010, 4.

[35]Benoît XVI, Homélie, 24 avril 2005.

[36]11 Décembre 2014 à l’Institut catholique de Paris.

[37] « Une vision spirituelle du monde matériel l’envisage toujours en relation avec le Créateur, ce qui n’est pas sans conséquences pour notre appréciation chrétienne de problèmes environnementaux tels que la menace de la surpêche océanique, la désertification, l’endommagement des récifs coralliens ou la destruction de la faune et de la flore. Cette vision spirituelle du monde nous dicte le respect de la création de Dieu, puisque notre rapport aux choses matérielles reflète nécessairement notre rapport à Dieu…La crise à laquelle notre monde est confronté ne se résume pas à une crise environnementale. Cette crise est avant tout spirituelle, puisqu’elle concerne notre façon d’envisager ou d’imaginer le monde. En se coupant de Dieu, l’humanité se coupe aussi de son prochain et de son environnement, et de ce fait, l’individualisme et l’utilitarisme nous conduisent à abuser de la création sacrée et nous mènent à l’impasse écologique contemporaine. Ayant perdu de vue la relation qui existe entre le Créateur et sa création, l’humanité a cessé d’être le prêtre et l’économe de la création et s’est transformée en un tyran qui abuse de la nature. Dès lors, l’homme traite sa planète de manière inhumaine et impie précisément parce qu’il ne la considère plus comme un don reçu d’en haut, comme un don reçu de Dieu. »

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