La Vie Consacrée

Homélie de monseigneur Dominique Rey le 1er février 2004 (Cathédrale de Toulon)

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La Journée de la Vie Consacrée : Présentation de Jésus au Temple

Chers frères et sœurs, en contemplant le Christ enfant Dieu, chaste, pauvre, obéissant à la volonté du Père (dans la lumière de la Présentation de Jésus au Temple) vous venez nous apporter une « preuve » de l’existence de Dieu, celle de votre renaissance en Dieu. Les renoncements auxquels vous conduisent votre état de vie et qui portent sur des domaines essentiels d’épanouissement de soi (la propriété, l’autorité, la sexualité), ne sont que les versants ombragés du choix enthousiasmant d’appartenir au Christ et à Lui seul, sans restriction et sans retour. Telle est la « preuve » que vous venez nous offrir. Et la radicalité de ce choix ressuscite, réveille, entraîne notre propre consécration baptismale, les uns étant pour les autres des modèles et des exemples.

Ce soir où nous fêtons la Présentation de Jésus au Temple, nous découvrons émerveillés combien l’infini de Dieu s’inscrit dans la fragilité humaine, Dieu dans un bébé présenté par ses parents au Temple de Jérusalem. Ce qui « passe l’homme » (Blaise Pascal) dans ce qu’il est à peine. Dieu qui babille, sourit et pleurniche et suce le sein de Marie. Il nous faut des siècles pour ne plus se frotter les yeux en taxant cette réalité de mythe ou de contes de fées. Cette descente de Dieu en notre humanité pour la faire remonter à Lui, retournant notre histoire comme la terre après le labour, révèle le prix de sa charité.

Chères sœurs, chers frères, ce mystère s’inscrit dans votre chair. Et c’est la « preuve » que nous attendons de vous : que la sainteté de Dieu éclate en votre existence vulnérable. Dieu Trinité, trois fois saint, s’est choisi des êtres dont le service (l’unique service puisqu’il prend toute l’existence) est de signifier et de rappeler au peuple des croyants que Dieu est Dieu et qu’il n’y en a pas d’autre. Des témoins de l’absolu de Dieu qui nous empêchent de ramener Dieu à soi, ou de le rapporter à nos propres idées, à nos rêves, à nos propres envies ou à nos intérêts, sans se rechercher soi-même, qui nous délivrent de la peur de s’approcher de Lui, de se soustraire à son appel, qui nous guérissent de l’idolâtrie.

C’est en suivant de près le Christ jusqu’au bout, c’est en imitant son mode de vie, c’est en pénétrant jusqu’à la croix le mystère de son humanité (c’est étant tout à Dieu pour être tout aux autres), c’est en se livrant à la miséricorde du Père, face à ses propres limites, ses faillites et à ses inconséquences, que se dessine, jour après jour, parfois à tâtons, ce chemin de consécration qui ne repose ni sur un ministère particulier que confère l’Eglise (comme pour le prêtre), ni sur un sacrement spécifique (comme pour le mariage), ni sur une manière de se situer par son rapport au monde (dans le cas du laïcat), mais qui fait sienne cette règle de vie : sanctifier le monde en se sanctifiant soi-même.

Historiquement, le déploiement de la vie consacrée a coïncidé avec la paix constantinienne, qui a sonné la fin du temps des persécutions romaines à l’égard des chrétiens. Alors, a surgi cette question inédite : « comment être chrétien en dehors du martyre ? ». Comment donner sa vie à Dieu et à nos frères sans verser son sang dans une arène ou dans un cirque ?

L’âme consacrée, en réponse à l’appel du Christ, n’a qu’une chose à faire pour être logique avec elle-même et rester fidèle à son propos : la déprise continuelle de soi pour que Dieu soit au centre de sa vie. Cette déprise a dû se muer dans un acte public de consécration en une forme permanente de vie. Celui ou celle qui fonde ainsi sa vie sur le Christ se trouve suspendu, ou maintenu au dessus de lui-même tout au long de son existence, par Dieu lui-même. Il va de soi que cette homme (que cette femme) est incapable de se comprendre elle-même. Elle a renoncé à se justifier personnellement. Elle n’est plus justifiée que par Dieu seul. Cet être vit de la grâce. Il est appelé à vivre en état de grâce.

Il y a peu, je rencontrai le Pape Jean-Paul II dans le cadre de la visite ad limina. Expérience émouvante, « sacramentale » auprès de celui qui est appelé par Dieu à confirmer la foi de notre Eglise. Le discours qu’il a adressé aux évêques de ma Province portait précisément sur la vie consacrée. Avec lui, je reprends les fortes paroles qu’il nous a délivrées dans Novo Millenio Ineunte.

« Un nouveau siècle, un nouveau millénaire, s’ouvrent dans la lumière du Christ. Mais tous ne voient pas cette lumière. Nous avons la mission exigeante et admirable d’en être le reflet…. C’est là une mission qui nous fait frémir quand nous voyons la faiblesse qui, si souvent, nous rend opaques et remplis d’ombres. Mais cette mission est possible si, nous exposant à la lumière du Christ, nous savons nous ouvrir à la grâce qui fait de nous des hommes nouveaux. »

Telle est l’espérance proclamée dans l’Eglise pour les personnes consacrées, tandis qu’avec leurs frères et sœurs, conduits aux avant-postes du chemin, ils les précèdent à la rencontre de l’Epoux, le Ressuscité.

+ Dominique Rey
Evêque de Fréjus-Toulon
1er février 2004

 


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