Homélie à l’occasion des ordinations diaconales

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Christ-Roi de l’Univers
Ordination diaconale

Désiré AUFFRAY
Samedi 22 novembre 2025 à la cathédrale de Fréjus
et Leandro BACKS , Arthur NG, Enrick DESERT
Dimanche 23 novembre 2025 à la cathédrale de Toulon
Chers frères et sœurs,
Avec toute l’Église nous célébrons, avec une profonde gratitude et une immense joie la solennité du Christ Roi de l’Univers, parvenant ainsi au terme de l’année liturgique. Et nous rendons grâce à Dieu pour le don que le Seigneur fait à l’Église universelle et tout particulièrement au diocèse de Fréjus-Toulon qui accueille (accueillait) ce soir (hier soir) un nouveau diacre, membre de la Fraternité Missionnaire St Jean-Paul II, et 3 nouveaux diacres ce dimanche, en vue du ministère presbytéral, dont un est membre de la communauté des Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie.
Il est bon et beau de célébrer des ordinations diaconales le jour où l’Église fête le Christ-Roi de l’Univers. En effet le trône de ce roi, c’était déjà la mangeoire dans la crèche : « où est le roi des juifs qui vient de naitre ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui » dirent les mages en arrivant à Jérusalem, avant de lui offrir « de l’or de l’encens et de la myrrhe » (Mt 2). Le trône de ce roi, ce sera aussi la croix. Le Roi s’est fait l’esclave de tous. Le Christ Jésus règne en s’offrant comme le dernier des derniers. Il est roi en donnant sa vie par amour. Il y a là apparemment un grand paradoxe que les apôtres eux-mêmes ont eu du mal à comprendre : un roi si impuissant ! « si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même ! » lui crient les soldats. Jésus est bien roi, comme il le confirmera lui-même à Pilate qui l’interroge « es-tu le roi des juifs ? ». L’ange l’avait déjà annoncé à Marie : « il siègera sur le trône de David son père et son règne n’aura pas de fin » (Lc 2). Et saint Paul nous le rappelle dans sa lettre aux colossiens : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. […] tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. »
Roi, oui, mais roi serviteur : « ayant la condition divine, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur…il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2). Le récit de la passion nous rappelle que Jésus, le roi des juifs, le roi de l’univers, reçut une couronne d’épines, parure de sa charité infinie, et qu’il fut revêtu d’un manteau de pourpre, l’habit du roi des martyrs. Il avait osé dire à Pilate qu’il était bien roi. Ce sera d’ailleurs le motif de sa condamnation, nous l’avons entendu dans l’Évangile : « On venait de crucifier Jésus et le peuple restait là à observer […]»… ll y avait une inscription au-dessus de lui : « celui-ci est le roi des juifs ».
Par l’ordination diaconale, Désiré (hier), et Leandro, Arthur et Enrick (aujourd’hui), seront configurés au Christ Serviteur, invités à suivre pas à pas ce roi qui « de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (2 Co 8,9). Il leur faudra découvrir ou plutôt approfondir, avec le don de l’Esprit Saint, qu’aimer c’est servir, et servir c’est régner, mais pas à la manière du monde avec puissance et force. La préface de cette solennité le dit bien lorsqu’elle détaille dans une brève litanie les qualificatifs du règne du Christ : « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix ». Comme le dit Jésus à ses disciples qui s’interrogent pour savoir qui est le plus grand parmi eux, les grands de ce monde préfèrent régner en maître, mais il ne doit pas en être ainsi pour ceux qui le suivent. Il précise que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». (Mt 20,25). Dans la personne du Christ, Seigneur et Serviteur se confondent.
Jésus-Christ n’est pas un roi despotique qui se fait servir, et qui se présente à nous avec la cavalerie et les trompettes. Il n’est pas un dominateur qui entre chez nous par effraction. Il n’est pas un tyran qui nous entrainerait sur des chemins de malheur et de perdition. Il est un roi de charité qui s’invite chez nous comme dans la maison de Zachée, il est un roi de vérité qui renvoie à leur conscience ceux qui voulaient lapider la femme adultère, il est un roi de lumière qui donne la vue à Bartimée, il est le prince de la paix attendu par Israël, et le roi de la vie, le premier-né d’entre les morts. Son Cœur transpercé sur la croix est une source de vie et de miséricorde, ses bras ouverts nous accueillent dans un refuge de tendresse, son tombeau vide est la porte de l’espérance. Cette année jubilaire nous le rappelle. Et son silence, sa non-violence, son acceptation, ses dernières paroles « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », nous invitent à entrer dans la loi de ce royaume, la seule qui ne passe pas : la loi de la charité.
Désiré, Arthur, Leandro, Enrick, le diacre est serviteur de la charité. La dalmatique que vous allez revêtir, si belle soit-elle, n’est pas une parure de noblesse qui vous met en valeur ou en avant, mais la tunique de l’esclave qui vous rappelle que votre vocation consiste à tout donner, à vous mettre à genoux pour laver les pieds, à vivre une authentique fraternité, à prêcher l’Évangile à temps et à contre-temps par vos paroles et par vos actes. L’Église vous confie ce ministère de diacre qui ne disparaît pas quand on devient prêtre, et encore moins quand on devient évêque, croyez-moi. C’est le ministère du service, et ce ministère n’est pas temporaire ou passager. Il s’agit du service de la proximité et de la tendresse de Dieu. Et le Seigneur ne cesse jamais d’aimer, de visiter, de consoler, de réconforter, de relever. Comme Jésus, le diacre est attentif aux plus petits et aux plus pauvres, à ceux qui souffrent et qui peinent, à ceux qui sont tombés et ne trouvent plus le courage de se relever, à ceux qui pleurent et sombrent dans le désespoir. Il les rejoint dans leur fragilité pour les fortifier en donnant inlassablement la charité de Dieu. Vous ne pourrez pas devenir prêtre un jour sans être d’abord devenu un pauvre parmi les pauvres, sans avoir accepté de vous faire tout-petits pour manifester la grandeur de Dieu, sans avoir consenti à cette condition de l’esclave pour exprimer la royauté de Jésus le Christ.
Vous allez recevoir le livre de l’Évangile et l’évêque vous dira : « soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné ». Que ce geste rituel exprime l’élan de votre générosité et s’enracine profondément dans votre être tout entier. Alors, quand vous vous tournerez vers Jésus au soir de votre vie, conscients de vos faiblesses et de vos péchés, et que vous lui direz « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume », il vous répondra « Amen, je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».
Amen.

 

 

Interview de Mgr François Touvet concernant les ordinations diaconales et la Nuit des Témoins :

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