Homélie de Mgr Touvet pour le pèlerinage des mères à Cotignac

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Chers frères et sœurs,

Au terme de ce pèlerinage des femmes, épouses et mères, nous voici rassemblés dans notre bienaimé sanctuaire Notre-Dame de grâces à Cotignac. Vous êtes venues parfois de loin, vous avez marché sous le soleil de Provence, même s’il est un peu voilé aujourd’hui. Vous arrivez au but du pèlerinage, au sommet de cette sainte colline, lieu de la rencontre avec Dieu. Tous nous ouvrons nos cœurs pour recevoir les grâces demandées dans la prière depuis trois jours. Les intentions de prière ne manquent pas dans ce monde qui a perdu la boussole.

Vous avez médité ces quelques mots de Jésus à l’apôtre Paul « Ma grâce te suffit ». La bienheureuse Vierge Marie nous accueille en ce lieu de grâces abondantes, grâces pour les pèlerins, grâces pour la France, grâces pour les familles. Marie nous tend les bras pour que nous puissions nous y réfugier, elle ouvre son manteau pour que nous soyons protégés sous son ombre, elle nous donne le Sauveur en qui nous sommes renés au jour de notre Baptême. En effet nous avons reçu cette grâce inouïe d’être renouvelés, recréés à l’image et à la ressemblance du Seigneur Jésus ressuscité des morts. Cette image et cette ressemblance évoquées dans le récit de la création, avaient été déformées par le péché de l’homme et de la femme, tel qu’il nous est relaté dans le livre de la Genèse. Et chacun rejette la faute sur l’autre : « c’est pas moi, c’est elle … c’est pas moi, c’est lui ». Ce texte nous montre bien que la vocation de l’homme et de la femme est bien de vivre dans la grâce, dans la communion avec Dieu, dans l’obéissance à ses commandements. Le péché introduit la division et le malheur, une hostilité entre le serpent et la femme. Dieu dit au serpent : « Tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie ». Nous n’avons pas la religion sournoise et mortifère du serpent, faite de mensonges et de ruse. Même si le serpent vient meurtrir notre talon, nous savons que la Vierge Marie – comme nous la voyons dans le livre de l’Apocalypse, cette femme couronnée de douze étoiles – écrase pour nous la tête du serpent. Elle collabore ainsi à l’œuvre de la Rédemption. En donnant la vie à Celui qui est l’auteur de la vie, elle est la glorieuse « Mère de Dieu », titre qui lui fut accordé par les Pères de l’Église réunis en concile à Éphèse en 431. Mère, elle est donc au milieu de nous aujourd’hui, elle a marché avec vous, elle a intercédé pour vous auprès de son Fils en lui présentant vos humbles prières et vos sacrifices offerts dans la fatigue ou la douleur, elle vous a guidées vers le sacrement de pénitence où vous avez retrouvé la sainteté du baptême, l’état de grâce. Regardons maintenant 3 bienfaits à demander et recevoir, à la lumière de la parole de Dieu que nous venons d’entendre.

La première grâce est la guérison intérieure. Saint Paul nous dit « Même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». Le pèlerinage est une route parcourue avec les jambes, un effort physique plus ou moins éprouvant selon notre condition, notre état de santé, notre entrainement. Cette marche a forcément généré en vous des pensées de découragement devant la difficulté, peut-être même des tentations d’abandon. Les corps sont fatigués, éprouvés, certaines blessures nous font mal, n’est-ce pas ? Pourtant, nos âmes se sont renouvelées au long du parcours intérieur qui a été le nôtre. L’amitié fraternelle a suscité des élans de générosité, les temps de prière ont élevées nos cœurs vers « les réalités du Ciel », le silence nous a introduites dans la contemplation, les chants nous ont portées, l’Évangile nous a éclairées, la sainte Eucharistie nous a nourries. Et nous arrivons ici comme au bout du chemin de notre vie, selon les mots de l’apôtre : « nous le savons en effet, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes ». Que Notre-Dame de grâces vous permette d’ouvrir largement votre cœur à la splendeur et à la richesse de la grâce, qu’elle vous guide vers l’autel où vous recevrez le Pain du Ciel en nourriture, qu’elle vous apprenne à regarder Jésus, à écouter sa Parole et à la mettre en pratique. Vous n’êtes pas aujourd’hui comme vous étiez vendredi au début du pèlerinage. Les corps sont fatigués et les âmes sont reposées et renouvelées. « Ma grâce te suffit ».

Deuxième grâce à recevoir. Celle de l’unité et de la charité. L’Évangile entendu en ce dimanche nous parle d’un royaume qui ne peut pas être divisé contre lui-même. Allusion au fait que Jésus chasse les esprits impurs et que les scribes l’accusent de chasser les démons par le chef des démons. « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront tenir ». La division peut toucher nos propres familles, nous le savons. Comme dans toute communauté humaine, ce n’est pas si facile de vivre ensemble, de s’aimer, de se supporter, de se pardonner. Et pourtant la famille est la meilleure école. Parmi vous, certainement, des femmes blessées par les divisions qui frappent leur famille. Chacun et chacune, nous connaissons cela d’une façon ou d’une autre. Personne n’y échappe vraiment. Il est bon de se redire que, dans ces vies de famille toujours un peu mouvementées, la mère tient une place centrale et essentielle : elle est, je crois, le cœur de la famille. Vous en savez quelque chose. Elle est comme le foyer autour duquel tous les membres de la famille se rassemblent, un foyer qui rayonne lumière et chaleur à tous ceux qui sont là. Celle qui va être la garante et le vecteur de l’unité, c’est la mère de famille, la maman. Le lien très charnel de la mère qui a porté son enfant et l’a mis au monde est au cœur de cette vocation de la femme, épouse et mère. La Vierge Marie a été maman, elle a connu ce lien unique avec Jésus, et c’est pourquoi nous nous tournons vers elle pour lui demander cette grâce de l’unité et de la charité qui nous fera éviter tous les pièges de la division. « Ma grâce te suffit ».

Enfin, troisième grâce : connaître, aimer et faire la volonté de Dieu. Dans l’Évangile, Jésus exprime clairement ce lien de parenté spirituelle que chacun est appelé à connaître. « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère ». Qui que nous soyons, quelle que soit notre histoire, nous sommes appelés à accueillir la volonté divine comme le moyen de parvenir à la sainteté. Notre volonté propre ne nous porte pas toujours à faire ce que Dieu veut, nous le savons bien. « Non pas ma volonté, mais la tienne » dit même Jésus au soir du Jeudi Saint au Monts des Oliviers. Que la volonté de Dieu se fasse, c’est justement ce que nous demandons dans le « Notre Père ». Notre volonté personnelle a un but immédiat à court terme, éphémère, parfois artificiel et illusoire. La volonté de Dieu est éternelle et consiste à nous rendre participants de sa propre vie. Si nous nous érigeons comme notre propre boussole en prétendant nous passer de Dieu – c’est le péché des origines dans le livre de la Genèse – nous n’allons pas vers la vie. Si nous pensons pouvoir dicter pour nous-même et aussi pour les autres ce qui est bien, alors nous croyons devenir le centre du monde et tout s’écroule. Seule la volonté de Dieu nous offre la vraie lumière pour guider notre vie et nous permettre de répondre à notre vocation. Il nous faut apprendre à l’aimer et à la faire. « Ma grâce te suffit ».

En célébrant le sacrement de l’Eucharistie et en communiant au Corps très saint du Christ, nous laissons agir cette parole de Jésus à l’apôtre Paul : « Ma grâce te suffit ». Nous offrons donc avec le pain et le vin à l’autel, dans un sacrifice agréable à Dieu, nos joies et nos peines, toute notre vie. Nous offrons les épreuves des femmes subissant la violence, des épouses abandonnées, des veuves, des femmes qui souffrent de ne pas connaître la maternité, des mères qui rencontrent des difficultés relationnelles avec leurs enfants. Nous présentons au Seigneur l’offrande des femmes consacrées, et aussi des mères qui donnent un fils à l’Église comme prêtre. Nous offrons les joies des jeunes femmes qui se marient ces temps-ci, des mères et des grand-mères qui sont entourées de leurs enfants et petits-enfants. Moi-même, avec tous les prêtres concélébrants qui vous ont accompagnés et que je remercie du fond du cœur pour leur ministère, je vais vous présenter chacune au Seigneur en offrant le pain et le vin à l’autel : vous voici bientôt sur la patène et dans le calice. Chacune est là dans le sacrifice du Christ qui est célébré. C’est le mystère de la croix rédemptrice. Chacune en reçoit la grâce. Le Seigneur nous offre en réponse la nourriture spirituelle dont nous avons besoin pour continuer notre pèlerinage sur la terre. L’Eucharistie est un avant-goût du Ciel.
Rendons grâce pour tous les bienfaits reçus du Seigneur par l’intercession de Notre-Dame de grâce.

Amen.

 

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