Homélie de Mgr Touvet pour la fête de Sainte Marie-Madeleine

fête de sainte marie madeleine 4

Fête de Sainte Marie-Madeleine
Acolytat de Guihlem WEISER
Dimanche 28 juillet 2024
Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

Crédits photos © Denis Caviglia et © Hervé Imag’in Photography

Chers frères et sœurs,
C’est une grande première pour moi : présider la fête de sainte Marie Madeleine à Saint-Maximin. C’est une grande joie de venir ici honorer la sainte patronne de notre diocèse de Fréjus-Toulon. Nous sommes en communion avec Mgr Rey qui en est le pasteur depuis 24 ans. Moi-même, son coadjuteur depuis presque 8 mois, me réjouis profondément de m’inscrire à mon tour dans cette tradition provençale en plongeant aux racines de l’évangélisation de notre pays. – Pour un bourguignon de la région de Vézelay, ce n’est pas rien ! – Marie-Madeleine, Maximin, Sidoine, Lazare n’étaient-ils pas parmi les compagnons de Jésus ? Des témoins oculaires et auditifs des gestes et des paroles de Jésus ? Ne sont-ils pas comptés parmi les apôtres, ou en tout cas assimilés à eux ? N’ont-ils pas débarqué sur les côtes de Provence et propagé la beauté de l’Évangile sur notre terre de la Gaule dans un contexte – toujours l’empire romain – où le risque n’était pas nul pour les chrétiens à cette époque, où les obstacles ne manquaient pas, où la contradiction pouvait être extrêmement violente. Alors que nous vivons dans un contexte de sécularisation et de paganisation, et parfois de volonté délibérée d’effacer toute trace de la chrétienté sous prétexte d’une laïcité exacerbée, … alors que notre pays aux racines chrétiennes évidentes pour toute personne honnête intellectuellement se trouve malmené dans son identité, dans sa cohésion, dans sa vocation de « Fille ainée de l’Église », c’est une grâce immense pour nous de vénérer ici les restes, les reliques de sainte Marie-Madeleine dont l’expérience personnelle si marquante nous est transmise comme un chemin à suivre. C’est une force de nous appuyer sur nos traditions, non pas comme des objets de musée mais comme des lumières qui nous éclairent encore aujourd’hui et demain.
Au lendemain de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, je célèbre cette messe en réparation de l’injure qui a été faite aux chrétiens du monde entier : avez-vous remarqué l’odieuse parodie de la Sainte Cène * rassemblant des drag queens, avec une gamine là au milieu, sans oublier d’autres outrances sexuelles ou sataniques du spectacle que je préfère ne pas citer en ce lieu saint ? Qu’est-ce que les enfants de France, vos enfants, auront perçu insidieusement devant la télévision ? La manipulation de masse a fonctionné : on nous séduit avec de belles images – et c’est vrai qu’il y en avait – tout en nous faisant avaler tout cru ce dont nous ne voulons pas, à savoir le fait de travestir – c’est le mot juste – notre Histoire, de nous imposer ce que le pape François dénonce comme « la colonisation idéologique ». Vous qui êtes attachés à nos traditions de Provence, voulez-vous vous réveiller, réagir, vous convertir vraiment au Christ Seigneur, et témoigner de votre foi « à temps et à contre-temps » comme le dit saint Paul. Oui, il faut du courage ! Les saints martyrs n’en ont-ils pas eu ? avec la grâce de Dieu !
Que pouvons-nous retenir de Marie-Madeleine pour notre vie chrétienne aujourd’hui ? D’aucuns voudraient se focaliser sur une soi-disant histoire d’amour avec Jésus, et on nous inflige des émisions documentaires à la télévision qui font passer des théories fumeuses comme des faits historiques… d’autres développeraient volontiers dans un langage romanesque et mystérieux un culte ésotérique autour de cette femme. Tenons-nous en à l’Évangile. Point. Rien que l’Évangile. Ne nous laissons pas égarer par les « doctrines étrangères » comme les appelle saint Paul, mais demeurons fidèles à la tradition authentique de l’Église chrétienne. Nous croyons que l’Évangile est la Parole de Dieu, la révélation de Dieu dans laquelle il ne peut pas nous tromper. C’est une parole de vérité. Comme le célèbre Raphaël dont nous avons découvert l’oeuvre il y a quelques semaines, les 4 Evangiles nous dessinent le portrait de Marie-Madeleine : une femme qui a les moyens de se payer le plus cher des parfums. Une femme que précède sa mauvaise réputation ; chargée de ses péchés, elle fait irruption chez Simon le pharisien et verse le parfum sur Jésus. Une femme qui se tient volontiers aux pieds de Jésus, qui l’écoute, qui pleure, qui aime. Une femme parmi les fidèles, qui accompagne Jésus lors de sa passion jusqu’au pied de la croix. Elle sera au tombeau au tout petit matin de Pâques. Marie-Madeleine est cette femme qui fit l’expérience de la miséricorde, qui manifesta à Jésus son grand attachement, et qui devint, selon l’expression des liturgies antiques, « l’apôtre des apôtres ».

1/ Marie-Madeleine, une femme de la miséricorde

Les évangiles rapportent que Marie-Madeleine était une pécheresse, emprisonnée dans son mal : Jésus la délivre de « 7 démons ». Elle fait l’expérience douloureuse et destructrice du mal en elle et autour d’elle. Le péché vient abimer la relation avec Dieu, quand il ne la détruit pas complètement… Le péché est l’œuvre du démon, le diviseur, celui qui nous éloigne du Maître. Marie-Madeleine est ainsi une sorte de reflet de nos fragilités, de nos blessures et de nos faiblesses. Elle rejoint notre humanité blessée, tant celle d’aujourd’hui que celle de tous les siècles passés et à venir. Le désir de Dieu est de nous réconcilier avec lui, de guérir cette blessure introduite par le péché, de nous permettre d’être avec lui, et même, de lui ressembler comme il nous avait créés « à son image et à sa ressemblance ».
Le Seigneur Jésus n’enferme pas Marie-Madeleine dans son péché, dans sa réputation, comme c’est tristement le cas aujourd’hui avec les condamnations et les anathèmes qui se propagent sur les réseaux sociaux. Marie-Madeleine était la pécheresse, et la société ne voyait en elle que la tentatrice. Jésus, lui, considère tout son être, et son regard la relève et lui redonne vie : vie sociale, confiance en elle. Elle est comme anéantie par son péché, elle exprime son repentir et sa confiance avec ses larmes et ce parfum de grande valeur, et Jésus la ressuscite : « ta foi t’a sauvée, va en paix » (Lc 7).
Et nous ? Marie-Madeleine nous aide à regarder notre vie et ses blessures avec réalisme, et à tourner nos cœurs vers Jésus qui nous tend la main et pose son regard sur nous. L’expérience du pardon reçu est la source d’une joie immense qui redonne vie. Prétendre que nous n’avons pas péché, c’est le premier péché. Reconnaître nos péchés c’est être déjà pardonné et relevé.
Frères et sœurs, je vous invite à vivre cette expérience du pardon dans la confiance. Le Seigneur nous attend comme le père qui attend le retour de son fils perdu, le Seigneur vient chercher la brebis égarée que nous sommes, le Seigneur nous remet debouts de nos paralysies spirituelles ou affectives. Avec Marie-Madeleine, nous pouvons reprendre le psaume 62 qui a été chanté : « Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. Mon âme s’attache à toi, ta main droite me soutient. »

2/ Marie-Madeleine, une amie de Jésus

Jésus est l’ami très proche des trois frère et sœurs : Marie, Marthe et Lazare, que l’Église fête demain 29 juillet. Il tient une grande place dans leur vie. A tel point que, apprenant la mort de Lazare, Jésus pleure, l’Évangile nous le dit. Marie est amie de Jésus, elle vit une relation de proximité très forte avec lui au point qu’elle et sa sœur l’appellent « le Maître » : « le maître est là, il t’appelle » dit Marthe à Marie, et « Rabbouni » dit Marie en reconnaissant Jésus ressuscité. Les esprits critiques d’aujourd’hui qui voudraient ternir la réputation de Jésus ou anéantir son message, ont vite fait de voir dans cette amitié une histoire familière ou une relation illégitime. Mais il nous faut regarder la beauté de cette amitié qui est une quête spirituelle, comme le décrit de façon poétique le Cantique des Cantiques : « Sur mon lit, la nuit, j’ai cherché celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé. Oui, je me lèverai, je tournerai dans la ville, par les rues et les places : je chercherai celui que mon âme désire ; […] j’ai trouvé celui que mon âme désire : je l’ai saisi et ne le lâcherai pas. » Marie Madeleine est une disciple qui se tient aux pieds du Seigneur, non pas pour le coller, mais pour écouter sa parole. Elle se nourrit de son discours car la parole de Jésus vient l’éclairer, elle qui a fait l’expérience du pardon et du relèvement. Le cœur habité par l’action de grâces, elle reste là pour bénéficier toujours de ses dons.
Et nous ? Marie-Madeleine nous aide à rechercher cette relation d’amitié et d’intimité avec le Christ Sauveur. Elle nous propose cette expérience spirituelle de la rencontre avec Jésus et de la joie profonde de vivre en sa compagnie et même de centrer notre vie sur lui et non pas sur nous. Saint-Paul nous le disait : « Frères, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine. »
Frères et sœurs, je vous invite à vivre cette expérience avec beaucoup de joie. Rencontrer Jésus, vivre en disciple, aimer l’écouter, se nourrir de ce qu’il nous donne. La vie chrétienne n’est pas une construction intellectuelle ou une simple observance morale, mais une amitié avec Jésus, qui se nourrit pour grandir et qui éclaire alors toute notre vie. La prière, la vie sacramentelle, la méditation de l’Évangile, le service des plus fragiles sont autant de moyens à notre portée pour nous approcher de Lui.

3/ Marie-Madeleine, une missionnaire de l’Évangile.

En Provence, après avoir débarqué aux Saintes-Maries et être passée par Aix où Maximin s’installa, Marie-Madeleine est venue à La Sainte Baume où sa vie fut toute remplie de prière et d’adoration. Elle y vécut la compagnie de Jésus d’une autre manière mais toute aussi riche et vivante. Elle nous apprend qu’on ne peut annoncer la Bonne Nouvelle de la résurrection sans être intimement lié au Christ. On ne peut transmettre que ce que l’on a contemplé. Tout missionnaire est d’abord un priant qui a fait l’exprience de la miséricorde de Dieu. Lorsqu’elle vivra cette rencontre étonnante avec le Christ ressuscité au matin de Pâques, alors qu’elle est venue au tombeau de grand matin pendant qu’il faisait encore sombre, elle deviendra missionnaire : « Va trouver es frères pour leur dire que je linte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Parce que Marie-Madeleine a vécu la miséricorde, parce qu’elle a connu cette amitié si forte avec Jésus, elle a pu commencer une vie nouvelle et l’annoncer. Elle devient missionnaire de ce qu’elle a vécu elle-même lorsque Jésus lui a pardonné: la résurrection.
Et nous ? Marie-Madeleine nous aide à témoigner de notre foi au Christ vainqueur de la mort. On ne peut parler de Jésus si on n’a pas fait l’expérience de la miséricorde, en étant émerveillé devant l’amour du Seigneur qui vient nous guérir de nos blessures. On ne peut annoncer le Christ ressuscité si on n’a pas fait l’expérience de cette résurrection intérieure qui annonce la résurrection de nos corps au dernier jour. On ne peut proclamer et chanter le Christ ressuscité si on ne l’a pas rencontré vraiment. Frères et sœurs, je vous invite à passer des larmes à la joie, de la tristesse à l’espérance, de la violence à la paix, du mensonge à la vérité, des ténèbres à la lumière. L’Église nous accompagne et nous en donne les moyens, tout particulièrement celui de la sainte Eucharistie. Rassemblés chaque Dimanche, Jour du Seigneur, nous faisons l’expérience de Marie-Madeleine : reconnaître nos péchés et recevoir le pardon, écouter la Parole de Dieu, offrir nos vies comme un parfum précieux, recevoir Jésus chez nous et nous nourrir de son amour, partir en mission dan la paix du Christ.
Guilhem, dans un instant, je vais vous conférer le ministère d’acolyte, au service de l’Eucharistie. Sur votre chemin vers le Sacerdoce, cette étape éclairée par sainte Marie-Madeleine, vous engage plus encore pour servir et honorer le Seigneur présent dans le Saint-Sacrement de son Corps et de son Sang, et surtout guider vos frères et sœurs chrétiens pour une vie toujours plus eucharistique. Nous prions pour vous et vous remercions de votre générosité à répondre à l’appel de Dieu.
Amen.
*NDLR . D’aucuns affirment que ce n’est pas la Cène mais « le festin des dieux » de Bijlert, Musée Magnin de Dijon, mais les concepteurs de ce spectacle ont bien parlé de la Cène en répondant aux interviews
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