17 juin 2025
Homélie de Mgr Touvet à l’occasion du pèlerinage des femmes, épouses et mères à Cotignac

Sanctuaire de Cotignac
Pèlerinage des Femmes, épouses et mères
Inauguration de l’esplanade
15 juin 2025
Chers pèlerines, chers frères et sœurs, et vous les téléspectateurs de KTOtv et les auditeurs de KTOradio,
C’est avec joie que je vous accueille ici au sanctuaire ND de grâces, lieu jubilaire dans notre diocèse à l’occasion de l’année sainte voulue par le Pape François. Comme vous le constatez, l’esplanade a été entièrement refaite cet hiver. Le diocèse a employé les grands moyens grâce à vos offrandes des dernières années dont j’ai tenu à ce qu’elles soient utilisées à ce pour quoi elles avaient été faites. En plus de vous accueillir, j’inaugure donc avec vous cette nouvelle esplanade. Je remercie monsieur le maire de Cotignac et monsieur le président de de l’office de tourisme « Provence verte » d’être avec nous ce matin. Ce lieu a été aménagé comme un vaste espace d’accueil et une église de plein air pour les très grandes assemblées comme aujourd’hui. Il est le signe de l’amour infini de Dieu qui nous ouvre les bras. La Sainte Famille nous accueille et nous rassemble en une seule grande famille dans la foi. Merci de votre soutien. Merci de nous soutenir encore par vos dons. Il y a encore beaucoup à faire ici !
Pèlerinage des femmes, épouses et mères… Vous arrivez au bout du chemin, au sommet, aux pieds de Notre-Dame de Grâces après ce pèlerinage qui est pour chacune une expérience de fraternité et d’amitié, et surtout un temps privilégié de conversion spirituelle et d’adhésion à Jésus le Sauveur. L’Église célèbre aujourd’hui la Sainte Trinité, le mystère de Dieu tel que nous le professons dans la foi : il est Père, Fils et Saint-Esprit. Dieu n’est pas une drôle d’équation mathématique. Il est une communion d’amour, un foyer de vie. Il se donne à nous en nous faisant vivre la richesse de cette communion. Nos familles, même si certaines sont parfois blessées, déchirées, divisées, sont des communautés d’amour et des foyers de vie, appelées à être à l’image de Dieu lui-même. Le Seigneur a choisi la communauté de vie et d’amour de l’homme et de la femme, une fois scellée dans le sacrement du mariage, pour en faire le signe sacré de sa présence à nos côtés et de sa puissance qui engendre et transmet. Célébrer la Sainte Trinité, c’est chanter la grandeur et la sainteté de notre Dieu, c’est le contempler tel qu’il est en lui-même et tel qu’il est pour nous : un feu d’amour qui éclaire et réchauffe, qui embrase le cœur de chacun et chacune d’entre nous, un feu qui rassemble autour de lui et construit une communauté fraternelle dans laquelle chaque personne trouve sa place, est accueillie, réconfortée, soutenue, encouragée, guérie, convertie dans la lumière du Christ ressuscité.
« Confiance, il t’appelle » (Mc 10,49). Ces trois mots vous ont guidées pendant ce pèlerinage. Vos aumôniers et les sœurs qui vous accompagnent vous ont aidées à méditer. Je reviens au dialogue dont ils sont extraits (Mc 10,46-52) : une formidable rencontre à Jéricho entre Jésus et Bartimée, l’aveugle de naissance. Tâchons d’y découvrir le mystère de notre appel et de notre mission pour ce soir, demain et après et encore après …une grâce pour toute la vie, au cours de cette année jubilaire sous le signe de l’espérance.
Quelle est la situation de Bartimée ? Aveugle, il est plongé dans les ténèbres. Assis, il est dans une position statique et passive. Au bord de la route, il est en marge de la société et de la communauté des disciples. Mendiant, il ne peut assumer son existence… il est comme mort. Lorsqu’il crie vers Jésus qui passe sur le chemin, il manifeste que demeure en lui une aspiration à la vie et une espérance profonde. Sinon, pourquoi aurait-il crié ? Malgré son humanité défigurée et affaiblie, il fait preuve d’un certain ressort. Et son désir est tellement ardent qu’il persévère à se faire entendre malgré les tentatives de ceux qui cherchent à le faire taire. Il est convaincu que Jésus peut faire quelque chose pour lui. Jésus l’appelle. Et il le fait par l’intermédiaire de ceux qui voulaient le faire taire : « Confiance, lève-toi. Il t’appelle ». Aussitôt, avec une confiance absolue, Bartimée jette son manteau, bondit et court vers Jésus. Le voilà debout, ressuscité en quelque sorte. Il a quitté le vieil homme en laissant son manteau ; le voilà homme nouveau.
Cette aventure, c’est aussi la nôtre, c’est notre cheminement dans la foi. La vie de famille n’est pas toujours facile, même si elle est belle. Toutes, vous traversez des épreuves éducatives, conjugales, personnelles, mais au plus intime de vos cœurs il y a toujours une attente et un désir. Lorsque je comprends que le Christ passe sur mon chemin, je crie vers lui. Le Seigneur m’a appelée par la voix de mes amies pèlerines ou par la prédication de l’Église. Il y a l’heure de la décision : poser un acte de foi, quitter ce qui m’encombre et m’élancer résolument vers Jésus. La rencontre personnelle avec le Seigneur est une expérience du salut, elle me fait vivre la condition de disciple. Jésus me remet debout.
Vous êtes femmes, épouses, mères de famille. Sous le regard de Dieu, sainte Trinité, mystère d’amour et de communion, vous voilà Bartimée. Les mots de Jésus « confiance, il t’appelle » résonnent maintenant au plus profond de vos âmes. Avec lui, vous vivez la progression spirituelle que décrit saint Paul dans sa lettre aux Romains, nous l’avons entendu : « la détresse produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance. Et l’espérance ne déçoit pas – c’est le titre de la bulle d’indiction du jubilé signée du Pape François l’année dernière – … l’espérance ne déçoit pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ». Une semaine après la Pentecôte, alors que la confirmation a été donnée à de nombreux adultes partout en France, peut-être à certaines d’entre vous, nos cœurs sont habités par cette douceur rafraichissante (même ici sur l’esplanade de Cotignac !), la brise légère de la venue de l’Esprit-Saint dans nos cœurs. Vous êtes renouvelées, remises debout, fortifiées, transformées, converties. C’est magnifique de voir ainsi l’œuvre de Dieu. Vous êtes magnifiques sur cette esplanade, toute tournées vers Marie, Notre-Dame de grâces. L’Église est belle, resplendissante de la beauté de Dieu. Vous êtes toutes belles et resplendissantes de la sainteté de Dieu que vous avez rencontrée, comme Bartimée. Dans quelques heures, vous allez retrouver le rythme de la vie quotidienne, votre époux si c’est le cas, vos enfants. – D’ailleurs, c’est la fête des pères ! – Chacune sait ce qu’elle va retrouver. Ce sera une très grande joie, une forte émotion, ou un moment délicat, difficile peut-être. Les rires, les larmes, les embrassades… Rappelez-vous que vous aurez laissé votre manteau à Cotignac, que d’autres vous auront transmis l’appel de Jésus en vous disant « confiance, il t’appelle ». Cette fraternité de 3 jours va se poursuivre et personne ne restera au bord du chemin.
Après l’écoute de la Parole de Dieu, et avant de partir, voici venu le moment de l’Eucharistie. Rencontre mystérieuse mais bien réelle avec Jésus. D’abord l’offrande de nos vies avec le pain et le vin à l’autel ; offrande de nos joies et de nos fatigues, offrande de nos aveuglements et de nos cris de détresse, offrande nos appels adressés à Jésus, offrande de nos manteaux. Puis le Seigneur se rend présent au moment de la consécration et dans la communion à son Corps très saint. En répondant « Amen » au prêtre qui me présente l’hostie consacrée, comme c’est demandé dans le missel romain, je dis ma confiance en Jésus, j’exprime ma foi en sa présence, lui mon Sauveur, lui mon Seigneur et mon Dieu, lui mon rocher et ma lumière. Avec tous les prêtres concélébrants qui vous ont accompagnés et que je remercie du fond du cœur pour leur ministère, nous allons vous présenter chacune au Seigneur en offrant le pain et le vin à l’autel, et en les consacrant par la puissance du Saint-Esprit. C’est Jésus qui se donne en sacrifice pour le pardon de nos péchés, c’est Jésus qui nous remet debout et nous fait vivre par lui, avec lui et en lui. Nous faisons l’expérience de la croix rédemptrice et celle du tombeau vide. Oui, je vous le redirai au moment de la communion : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau », autrement dit : « confiance, il t’appelle ».
Rendons grâce pour tous les dons reçues du Seigneur au cours de ce pèlerinage, par l’intercession de Notre-Dame de grâces.
Amen.