C’est tous les jours Pâques !
Message de monseigneur Dominique Rey le 14 avril 2004
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Passons sur l’autre rive
« Passons sur l’autre rive », dit Jésus à ses disciples (Mc 4, 35). La vie est un passage, elle est une pâque, puisque « pâque » signifie passage. La nature nous l’enseigne : dans l’alternance des saisons, la mort apparente de l’hiver prépare en secret l’éclatement de vie du printemps ; la chenille devient papillon, en passant par l’état de chrysalide ; la graine tombée en terre est grosse de la promesse de la plante, mais encore faut-il qu’elle meure à elle-même (cf. Jn 12, 24).
La pâque est une loi universelle : toute chose est appelée à une vie supérieure qui suppose un renoncement à soi-même. Pour avoir oublié cette loi, un quotidien qui n’espère plus rien ou plus personne, prend souvent la couleur terne de l’éternel retour du « même ». Accepter de passer, c’est se dépasser ; le refuser, c’est trépasser.
Jésus, vrai homme, n’échappe pas à cette loi. Ou plutôt, vrai Dieu incarné, le Christ en révèle, par son Mystère Pascal, le sens ultime : le passage de la mort du péché à la vie éternelle de Dieu, le passage des « ténèbres à l’admirable lumière » divine (1 P 2,9). Vivre une telle pâque invite à la foi, à la confiance, à la suite d’Abram qui, en acceptant de tout quitter pour le Dieu unique, est devenu Abraham, le père des croyants (cf. Gn 12, 1). Puis Moïse, par le passage de la mer Rouge, a fait passer le peuple élu de l’esclavage à la liberté, de la servitude au service. Mais entre les deux, le désert n’est pas seulement l’épreuve, mais la préparation à la pleine confiance. De même la traversée du lac de Tibériade symbolise ce passage de la rive visible des hommes au rivage invisible de Dieu.
Nos vies, notre société, connaissent aussi ces violentes tempêtes dans la nuit. Elles semblent parfois même prendre eau de toute part. Ces crises sont-elles une occasion de frayeur ou de confiance ? Sommes-nous prêts à faire de nos nuits la patiente germination d’une aurore toujours plus belle et de ces traversées du désert, des exodes ouvrant à une Terre promise par le Dieu toujours fidèle ?
Jésus nous a lui-même indiqué comment vivre ces passages : voulons-nous être embarqués avec lui, dans cette barque qu’est l’Eglise ? Jésus semble peut-être dormir, mais Il est là et le Maître de tous les éléments (cf. Ps 107, 23-30) n’a certainement pas l’intention de mourir étourdiment dans un accident de navigation. Voulons-nous, tels les apôtres, être terrassés par la frayeur, ou acceptons-nous de vivre dans la confiance humble (cf. Jb 38, 11) et aimante (cf. 2 Co S, 14), dans la foi sans condition en Celui qui s’est donné sans limite ? Et si le découragement nous accable, acceptons la main que Jésus, le Passeur, nous tend et disons-lui : « Fais-moi passer, avec Toi, sur l’autre rive ».
+ Dominique Rey
Evêque de Fréjus-Toulon
14 avril 2004
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