Homélie de Mgr François Touvet – 5e dimanche de Carême à Saint-Aygulf
Mgr Touvet continue de visiter chaque Dimanche les paroisses du Diocèse de Fréjus-Toulon. En ce 5ème Dimanche de Carême, il était à la paroisse de Saint-Aygulf : célébration de la messe dominicale, brève rencontre avec quelques jeunes, verre de l’amitié sur le parvis de l’église, et repas avec les paroissiens. Des moments fraternels, des conversations enrichissantes, un beau dialogue avec les jeunes à travers quelques questions-réponses.
« Nous voudrions voir Jésus », voilà ce que disent les grecs venus à Jérusalem, nous dit saint Jean dans l’Évangile. Quel beau désir. Jésus va répondre en parlant du grain de blé tombé en terre qui doit mourir pour donner du fruit.
L’auteur de la lettre aux hébreux nous disait que Jésus « est devenu la cause du salut éternel ».
En cette fin de Carême, la liturgie de l’Église nous recentre encore plus sur la personne de Jésus. Bientôt nous entrerons dans la Semaine Sainte et nous célébrerons le mystère de sa mort et de sa résurrection. Le mystère du salut.
En entrant dans le temps de la Passion ce Dimanche, nous regardons la croix : Jésus a donné sa vie pour nous, il a tout donné : « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Son sacrifice est la source du salut : par sa mort, la mort est morte et a vie jaillit en nos coeurs, avec le pardon des péchés. La victoire de Dieu est grande et belle : l’amour est plus fort que la mort et que tout ce qui est du côté de la mort : le mal, la souffrance, le péché.
Nous comprenons mieux alors cette histoire du grain de blé : en terre, il va germer, lever, pousser, porter du fruit, et ce sera la moisson. De même, Jésus va être enseveli, mis au tombeau. Sa résurrection, sa sortie du tombeau, est le fruit suprême pour nous : nous recevons la vie éternelle.
Jésus nous enseigne que nous sommes aussi comme ce grain : à nous de mourir à nous-mêmes, de donner notre vie, comme Lui. Ce n’est pas une grande idée ou un slogan. C’est du concret : non pas donner ce qu’on a, mais donner ce qu’on est. Donner notre vie. Et c’est en donnant qu’on reçoit. Tous les parents le savent bien : ils ont donné leur vie pour que la vie naisse et grandisse. De même tous ceux qui se mettent au service des autres dans un métier (soignants, enseignants, soldats, policiers et gendarmes, etc), dans un engagement citoyen (action de solidarité, service international, projet humanitaire, etc) ou dans une consécration religieuse.
En donnant notre vie, nous les baptisés, nous mettons en lumière le mystère de la croix et nous dévoilons la lumière de la résurrection. C’est dans ce mystère qu’est scellée la nouvelle alliance éternelle annoncée par le prophète Jérémie. Une alliance entre Dieu et son peuple. Une alliance, un contrat, un engagement réciproque. Dieu nous donne sa Loi comme guide pour que le peuple demeure fidèle et digne de la promesse.
Cette loi est inscrite dans nos coeurs. On dirait « gravée dans le marbre ». Cette Loi avec le devoir d’honorer et de servir Dieu (cela se perd tellement par négligence, par séduction du matérialisme, etc), et avec l’interdiction de tuer (tellement mise à mal par ces lois soit-disant « fraternelles » qui font la promotion de l’acte de tuer une personne : cette tromperie, une vraie fourberie, fait l’oeuvre de la mort, pas de la vie. Nous refusons ce projet de loi et ces artifices de langage : aider à mourir, c’est accompagner, ce n’est pas tuer.)
Nous chrétiens, à l’approche de la Semaine Sainte, nous voulons voir Jésus, nous regardons la croix et nous nous engageons à servir la vie en donnant la nôtre. Le grain de blé doit mourir pour porter du fruit. Si nous préférons préserver notre vie nous-mêmes, nous allons mourir comme le grain de blé qui n’est pas enfoui et qui va sécher et mourir.
L’Eucharistie est la célébration du mystère pascal. C’est là que nous trouvons la force d’aimer au point de donner notre vie, comme Jésus. En communiant, mettons nos pas dans les pas de Jésus.
Amen.